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DIFFÉRENTES STRATÉGIES EN COLLISION SUR LE MOUVEMENT GILET JAUNEDIFFÉRENTES STRATÉGIES EN COLLISION SUR LE MOUVEMENT GILET JAUNE

Depuis un moment, j’essaye de prendre du recul face aux discours de divers acteurs sur le mouvement « gilet jaune », et cela me ramène à certaines notions d’analyse stratégique apprises en cours de géostratégie, bien que ce soit un mouvement qui n’a rien de belliqueux, mais où l’on voit des stratégies déployées et utilisées à des fins différentes. Des gilets jaunes en passant par les medias jusqu’au gouvernement, on assiste au déploiement des diverses stratégies selon que ça vient légitimer ou illégitimer les discours des uns et des autres. Personnellement, j’en ai dégagé quelques stratégies employées par les acteurs pour expliquer, justifier, condamner voire légitimer les positions des acteurs impliquées directement ou indirectement dans ce mouvement social.

  1. La stratégie « talking and fighting »

La première stratégie déployée par les personnes et classes sociales qui composent ce qu’on appelle « gilets jaunes », c’est celle de « talking and fighting ». Cette dernière consiste à dire, tout en négociant, on continue à lutter sur terrain. C’est dire que nous sommes d’accord à se mettre autour d’une table avec les acteurs gouvernementaux pour négocier et coproduire ensemble des solutions qui répondent efficacement aux attentes de manifestants, mais en attendant que cet accord commun soit trouvé, on continue à lutter sur terrain par des actions draconiennes pour pousser le gouvernement à céder.

  1. La trilogie « répression-négociation-capitulation »

Du côté gouvernemental, se déploie la trilogie « répression-négociation-capitulation ». Cette stratégie consiste, pour le gouvernement, à mobiliser ses appareils répressifs pour contraindre les manifestants à arrêter avec les actions violentes sur terrain, et de passer à la table de négociation sous un format voulu par les acteurs gouvernementaux. A défaut de ce couple répression-négociation qui, souvent, se heurte à une forte détermination, sur terrain, de manifestants, le gouvernement n’a d’autre choix que de capituler et essayer de répondre timidement au cahier de charges ainsi qu’aux réclamations des gilets jaunes.

  1. La stratégie de « l’aphonie et du fusible »

Face à la situation qui part du mal en pire, le président de la République n’est pas resté à l’écart. Il a su mobiliser une stratégie qui le rend passif face à ce qui se passe et aux manifestants qui attendent impatiemment qu’il se prononce quant à leurs préoccupations afin d’apaiser les esprits. Sa stratégie consiste, de sa part, à rester silencieux et à placer son premier ministre en première ligne de front pour répondre aux manifestants en leur disant ce qu’ils ont envie d’entendre de la part du gouvernement.

  1. La stratégie de la politisation du mouvement

Comme tout mouvement social contre une politique publique du gouvernement, le mouvement de « gilets jaunes » suscite la convoitise dans l’univers de la compétition politico-électorale. Ainsi, précise Laurent Mucchielli, « toutes ces tentatives pour récupérer à leur profit la colère qui s’exprime sont aisément repérables et doivent être écartées ». Il est cependant évident de constater qu’il y a des acteurs politiques qui essayent de déplorer les tentatives de récupération politique, afin d’illégitimer les réclamations des manifestants par des discours du genre « les gilets jaunes sont noyautés par l’extrême droite, ou par l’extrême gauche ».

  1. Et les medias dans tout ça?

Les medias ainsi que les discours journalistiques viennent alimenter « l’effet contagion ». Par leur capacité d’atteindre un grand nombre de la population, les medias audio-visuels facilitent l’expansion du mouvement vers d’autres couches sociales, par la diffusion des images de ce qui se passe dans les quatre coins du pays ainsi que la diffusion des informations sur les actions qui se préparent pour les jours avenirs. Ceci permet à d’autres classes sociales de se joindre au mouvement et d’employer les mêmes méthodes de réclamation que le mouvement initial, notamment les lycéens, les étudiants, les routiers, le syndicat de police Vigi, etc.

De ce qui précède, notons qu’il y a plusieurs autres stratégies repérables dans le cadre du mouvement gilet jaune, et qui continuent à alimenter la tension.

 

Par Moïse Mbala Londa    

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