Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

LE RACISME CONTRE LES NOIRS : UN PROBLÈME DE L'AUTRE OU UNE CONSÉQUENCE DE S'AUTO-RENIER?LE RACISME CONTRE LES NOIRS : UN PROBLÈME DE L'AUTRE OU UNE CONSÉQUENCE DE S'AUTO-RENIER?

Le racisme redevenu un fléau pour la société humaine actuelle, l'avait déjà été dans les temps immémoriaux. Ce phénomène social dont plusieurs peuples ont été victimes, remonte à l'an -166 avant J.C, avec l'installation du marché d'esclaves au port de Délos en Grèce antique. Les principales victimes de ce phénomène devenu normal pour les uns, furent les amérindiens et les noirs d'Afrique. Ainsi, le racisme, considéré comme "une théorie de la hiérarchie des races qui conclut à la nécessité de préserver la race prétendue supérieure de tout croisement et à son droit de dominer les autres", avait atteint son paroxysme grâce à un second phénomène social qui est venu féconder le premier, communément appelé "esclavagisme". Ce dernier (esclavagisme) qui remonte à son tour de l'Antiquité, "fut sans doute la première grande pratique raciste envers des peuples perçus comme étant d'une autre race ou des étrangers", considérés de ce fait comme de la marchandise. Les amérindiens seront épargnés de cette pratique inhumaine, grâce à l'interdiction du saint-siège, sous le Pape Paul III en 1550, mais les noirs en resteront des victimes jusqu'en 1794 où, pour la première fois, la France va interdire cette pratique contre la race noire par la Convention, qui était "une assemblée élue qui a laissé son nom à l'une des périodes de la Révolution française", rétabli (esclavage de noirs) par Napoléon 1er en 1802, puis définitivement "aboli" par le gouvernement provisoire de 1848, suite à la révolution de la même année. De ce qui précède, ce texte, loin de dresser un historique de l'esclavagisme voire du racisme contre les noirs, se bornera à analyser ces phénomènes dans leurs causes profondes que la société a tendance à ignorer, et qui viennent accentuer davantage, sous des multiples formes, ces phénomènes devenus sociaux.

En effet, avant d'aborder le vif de ma réflexion, j'aimerai commencer par une petite anecdote, malheureusement évidente, qu'avait raconté un sage panafricaniste qui a prouvé que l'Homme noir, dès son enfance, commence à s'auto-renier, à renier sa race, son aspect physique. Ainsi, ce vieux sage part de l'exemple de "deux poupées" qu'on présente à un enfant noir afin d'opérer son choix. D'un côté, une poupée blanche et de l'autre côté, une poupée noire, et on demande à l'enfant de choisir la quelle de ces deux poupées il préfère. L'enfant choisit la poupée blanche, et on lui demande pourquoi a-t-il choisi la poupée blanche au lieu de la poupée noire, et l'enfant qui répond "parce que la poupée noire est moche". Après, on demande à l'enfant de montrer la poupée qui ressemble à sa couleur de peau, il pointe la poupée noire qu'il a refusé de choisir. De cette évidence banale, on peut comprendre la manière dont le racisme contre l'Homme noir commence par lui-même. Ce renie va grandir et évoluer dans les pratiques quotidiennes de l'Homme noir, jusqu'à d'autres pratiques racistes plus virulentes contre sa race qu'il a du mal à accepter comme tel en restant authentique. Il est facile de pointer "l'autre" comme étant l'épicentre de notre malheur, oubliant que nous en sommes nous-même les principaux concepteurs. Les deux grandes pratiques racistes de l'Homme noir contre sa race que je vais tenter d'aborder ici, seront, pour tout celui qui me lira à travers ces lignes, un éveil de conscience pour le recouvrement d'une authenticité propre à l'Homme noir. Cependant, bien que connu et prouvé par les scientifiques, de la richesse que contient la peau noire et sa capacité à résister aux intempéries climatiques, l'Homme noir n'arrive pas toujours à digérer cette évidence. Tout en réfutant son authenticité en voulant ressembler aux autres, il va pratiquer "la dépigmentation de sa peau", sans tenir compte des risques qu'il encoure et de la quantité des cellules très importantes qui l'aident à résister contre les rayons ultraviolets du soleil ainsi qu'au cancer de la peau. Certains peuvent considérer cette pratique comme une quête de la beauté physique, mais sachez qu'on n'est pas loin, tout en étant adulte, de cet enfant qui a refusé la poupée noire, car paraissant "moche" pour lui. Car renier sa race, en pensant qu'en ressemblant aux autres, on deviendra "beau ou belle", c'est du racisme contre soi-même! La seconde pratique qui attire mon attention, c'est "le défrisage des cheveux" des noirs qui, par nature, ont toujours été frisés voire crépus. Les femmes en général, tout comme certains hommes noirs, ne digèrent pas bien le fait de posséder les cheveux crépus, et qu'en ayant les cheveux défrisés qui ressemblent aux cheveux du voisin blanc, c'est là qu'on apparait "beau ou belle". Cette pratique, loin d'être considérée comme normale, me parait comme une énième façon de se refuser, de ne pas s'accepter physiquement. Cette idée de l'Homme noir de considérer que l'apparence physique de l'autre est "belle" que la sienne, va aller au-delà de son corps, jusqu'à s'étendre sur d'autres domaines de la vie, notamment dans la façon de "s'habiller", de parler, de se comporter, voire même jusqu'aux normes sociétales. Tout ce qui est mauvais, aura tendance à être présenté par la couleur noire, et le bien à être symbolisé par la couleur blanche. L'exemple de ceux qui parlent de la magie noire et de la magie blanche est éloquent à ce niveau; la magie noire considérée comme une pratique de la magie pour des fins négatives ou pour nuire, tandis que la magie blanche pratiquée pour des fins positives ou préventives; sans faire allusion à plusieurs autres pratiques devenues sociétales comme la tenue de deuil (noir-noir), les termes économiques (marché noir pour illégal), les termes de criminologie et/ou de droit (liste noire de telle ou telle autre organisation internationale), etc.

En définitif, on peut remarquer qu'il est facile de considérer "l'autre" comme étant l'épicentre de certains de nos malheurs, oubliant que nous nous substituons nous-mêmes à cet "autre-là" par certaines de nos pratiques qui nous poussent à se refuser, à renier son authenticité et à perdre son identité sociale. Il est difficile de se faire accepter par les autres lorsqu'on n'arrive pas à s'accepter soi-même.

 

Par Moïse Mbala Londa

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :